Açvine

SAINT-HESBAYE

 

 

(1/24)

 

Ma rencontre avec l'inconnue

s'éveille sur le sel

de la lagune

De sable, elle dévoile des

lèvres de paupières au suc

de cyprine

Une tunique à corolle d'azur

détone sur la peau ambrée

d'éphélides

Sa nature à l'onde charnelle

recèle des charmes

de prétentaine

 

 

(2/24)

 

Comme les nues des nues

Nues dans le vent

Mues du vent

Elle se drape de l’arc-en-ciel

Aux mouvements

De l’aube complice

Comme les aîtres de son corps

Auréolent ses ors

Au ventre plat

L’égérie offre un pubis doré

Laissant pressentir

Des plaisirs ineffables

 

 

(3/24)

 

Quels seins de grâce

et de passion

cadencent sa danse légère

Cherche-t-elle des envies de vies

et de folies

qu’entraîne sa course

Quels chemins du destin,

l’appellent de si loin

pour un gant de suint

Retrouve-t-elle des pulsions

caressant son visage

aux vibrations de l’amour

 

 

 (4/24)

 

Aujourd’hui ma main

Fleure ses grandes lèvres

Au goût de rêve

 

Si près de ses paupières

Parfumées à l’inflorescence

De tilleuls

 

Tu écoutes, dessines et traces

La clarté sélène

Des silhouettes

 

Pour toutes couleurs saisissantes

A l’image du bonheur

De l’homme

 

 

(5/24)

 

Elle songe à une clairière lumineuse

qui me presse les doigts

aux doigts si doux

 

Je l’image peindre l’écoute

du soleil

des cœurs

 

Demeure-je seul maître

de ma lubricité

en souvenir libéré

 

J’appréhende ton miroir

sans reflet

de l’au-delà 

 

 

(6/24)

 

Ta vision des aurores stellaires

A-t-elle un langage sur cette terre

En pleurs de joies ?

 

La réunion des corps terrestres

S’emporte dans l’âge

Des pluies millénaires.

 

Toute admission des pensées d’ange

Appelle le nom des mésanges

Plus palpables que sensuelles.

 

L’invention des jeux d’amour

Apporte au vivre le flux et le reflux

Du mal d’aimer.

 

 

(7/24)

 

 De vivre l’été perdu dans les longues herbes

 Au pont de la cascade

Où l’eau émet un bruit de moyeu

 

Et d’huile chauffée jusqu’aux talus

Onglés de coquelicots

Consumant des flammes-de-sang

 

Mêlés aux reflets solaires

Qui occultent le sabbat des frelons

Piquant les génisses de Cérès

 

De grimper à la cabane nichée

Dans les fourches du vieux noyer

Où l’hirondelle toise la peau du ciel

 

 

(8/24)

 

Peu m’importe de peser ton regard

 Sur la lentille du bonheur

Sans chandelle

 

Pourquoi ce feu brûle-t-il

Dans le ciel éclaté

En roses de sable

 

Quelles mers s’opposeraient-t-elles

Aux battements des mouettes

Vernies d’écume

 

Tout ce silence sans bris

De bruits

S’évade en cris

 

 

(9/24)

 

 

 

 

(10/24)

 

 Veux-tu aimer avec l’amour

Des tu-m’aimes

À perdre haleine

 

Prends-tu le plaisir des songes

À l’image des sens

De nos dépendances

 

Pourrais-tu me fossiliser

Comme l’oursin de mer

Sur la plage d’un autre soleil

 

Saurais-tu revoir mille siècles après

Ma vie d’antan

Complice du temps

 

 

 

(11/24)

 

 

  

 

(12/24)

 

Vois-tu chaque feuille d’étoiles

Dans l’herbe à pétales

Pour un concert céleste

 

Alors les iules de rosées

Veillent les pellicules de lune

Entre les brassées de l’eau

 

Et toi, Açvine au cœur des blés

Sens tu l’âme de Blaize

 aux perles de fraises

 

Je te prie de t’enivrer de la foi

Qui sublime l’amour

Sous les pommiers du paradis

 

 

 

(13/24)

 

Chaque étoile de feuilles

Parmi les pétales de l’herbe

Se frise à l’orée des seins

 

Alors, dis-tu, la rosée d’iules

Soulève les lunes de pellicules

Avec l’eau de brassées

 

Et Blaise au blé de coeur

Irise les braises d’Açvine

Au sang de l’âme

 

La communion du verbe aimer

Vibre en chœur pour que je me noie

Dans la prunelle de tes yeux

 

 

 

(14/24)

 

D’une aube d’alouette ta bonde se dévoile

À l’ivresse des passions

Et se mêle d’ignition

 

Le cristal de bals

À travers le prisme des sauterelles

S’érige parmi les vitraux des frênes

 

Dans le bosquet de Cybelle

S’embrasent nos fluides

En copulations de pores

 

Jusqu’aux yeuses des fontaines

Et d’haleine sans déveine

Qu’illuminent leurs vertiges

 

 

 

(15/24)

 

Ô femme, que l’hymne de l’amour

Rend fou

 

Ô, Açvine, ma divine

Femme de faveurs aux longues nuits

D’hyménées où les plaisirs

Se dépouillent en délires

 

Femme à l’offrande qui recueille

La jouvence buccale

A la libation des chairs

 

Femme au masque de reine

Où l’abeille nourricière

Confond la pupille au pistil

 

 

 

(16/24)

 

Femme à fœtus sur toutes couches

De l’humus

Frémissant au lit du nouveau-né

 

Femme en senteurs de résine

Et mère en saveurs

De fascines

 

Ô, que la vie de l’amour

Sent le verbe

De l’osmose

 

Femme, dis-moi,

Ton amour de l’homme

Pour l’alchimie de l’âme.

 

 

 

(17/24)

 

Demain, germera ma douleur

au son de la graine

que cachera le char d’açvine

 

La liberté des cochevis fascine le semeur

Pour donner à Blaize

Un corps d’envies

 

Un peu de ciel jaune

Taché de miel d’orages

A la base des attritions

 

Court sans témoin

Près des criques du besoin

Et s’enfuit pour s’enfouir.

 

 

 

18/24

 

Mais ta flamme découvrira

le dormeur fantastique

dans le verger du berger

 

Or, dis-tu ce bonheur à l'aisance

de l'eau

tel un feu follet

 

Parmi les fers du silence

et la mie du soir

à l'ombre des ombres

 

Et pourtant, je me sens partir

me quittant je te pressens mourir

sous tes sourires d'extase.

 

 

 

19/24

 

Mon corps de crucifié s'effile

d'une pâleur féline

aux émois tuméfiés

 

Enfance ma chanson

comme la voix de l'âme

exténuée d'écumes

 

Complaît encore la confiance

de notre souffrance généreuse

au sein de l'étreinte

 

L'aile de l'ancolie

lénifie l'affligé

soutiré de tant d'orgasmes.

 

 

 

20/24

 

Qui se jettent à présent

Sur les cortèges de neige

Et sa dépouille d’argile

 

Je t’envahis de globules à moustiques

Et d’ombres chlorophylles

Piétinées d’odeurs magiques

 

Chacun s’achemine au défi

Des jours futurs

A l’heure des rendez-vous

 

Va, mon amour sous l’auvent des hêtres

Où copulent tes larmes

Dans les limbes du conteur

 

 

 

21/24

 

Sembles-tu jouir encore, plus encore

Et crier et hurler

Quand la réalité m’effraye

 

Préfères-tu le spasme des sens

Au travers des phantasmes

Plantés de labyrinthes

 

Esquisses-tu mon sourire sur une peau

Amputée en secret

De rémiges à chouettes

 

Maintenant l’heure bourgeonne

Au clocher du soupir

De midi à minuit

 

 

22/24

 

La paisible rivière du temps

Nous accorde deux siècles

De poussières à devises

 

Sur une tête de paupières immortelles

Nos baisers s’engluent

En soubresauts d’embruns

 

Confusion, soumission, résolution

La folie des sueurs

Glisse sur ta luette adulée

 

Modèle de rouge entamé de lumières

Le sang s’allume

En excitation d’enfer

 

 

 

23/24

 

Les pensées se consument

Jusqu’aux herbes printanières

Sous un ciel de cendre

 

Ainsi, la félicité du jour

S’étire timidement de son ère

Sur la mer des oublis

 

Aux mains de cire et de sèves

Mystérieuses

Au goût de chaque être

 

Une terre d’instances

Honorée de questions

Et de décisions

 

 

 

24/24

 

La fumée des tièdes lunes opalines

Emplit tes yeux rebelles

De regains et de larmes aurifères

 

Là, sur tes lèvres d’éloges

Blaize devine la puissance

Du sel à facettes

 

Ici, le vent poussant le duvet des cieux

Propage ses semences

Sur toutes les lieues de démence

 

Dans l’espoir d'une autre Açvine

Va mon bonheur

Quérir d'autres leurres.